SERVIR WITTENHEIM SERVIR LA LIBERTE !!
6 Mars 2013
Journal l'Alsace
Yusuf Arslan n’avait pas le cœur à rire, lundi après-midi, à l’heure de se confier et d’expliquer ce qui l’avait finalement poussé à être samedi sur le banc de son équipe de l’US Wittenheim, quatre jours après avoir pourtant présenté sa démission en même temps que l’ensemble de son staff. Et d’ailleurs, au cours de l’entretien, il ne rira pas. Pas plus qu’il ne sourira. Le garçon de 34 ans s’avouera en revanche toujours « abasourdi » , « touché » et même « meurtri » après les doutes émis par certaines personnes proches de la municipalité de Wittenheim quant au financement d’un stage de préparation organisé par son club à Djerba (Tunisie), au début du mois de janvier.
« Comment a-t-on pu douter de nous ? se demande-t-il sans préambule. Comment a-t-on pu vouloir nous faire passer pour des voleurs ? Comment a-t-on pu manquer autant de respect à des joueurs, des parents de joueurs, de nombreux bénévoles ? Je n’en reviens toujours pas. Quelque part, je crois même que je ne m’en remettrai jamais tant que la personne qui a pu lancer de telles rumeurs ne se sera pas excusée. Aujourd’hui, on a remis en cause mon intégrité, mon honnêteté. »
« Qu’on arrête de venir nous chercher des problèmes »
Yusuf Arslan, qui a repris les destinées de l’USW alors que celle-ci pataugeait en D2 départementale, qui assure avoir lui même investi « 13 000 euros de ma poche » pour remettre à flots un club criblé de dettes, et qui peut aujourd’hui s’enorgueillir d’être à la tête d’une des toutes meilleures équipes d’Alsace (Ndlr : Wittenheim pointe au 10e rang de DH, l’élite régionale), le répète à l’envi : le déplacement à Djerba durant l’intersaison a été en très grande partie autofinancé et n’a en aucun cas constitué un gaspillage de l’argent public.
« Puisqu’on nous a demandé tous les justificatifs, nous les avons fournis, assène-t-il. Nous n’avons rien à cacher. Ce voyage a coûté 5000 euros en tout et pour tout. Chacun des 18 participants a mis 200 euros de sa poche (soit 3600 euros). Un sponsor a ajouté 500 euros et moi aussi. Cela fait 4600 euros. Le club a mis les 400 euros restants ! En quoi n’aurait-il pas le droit de financer pour une infime partie un stage sportif ? Et même si cela avait coûté 500 euros de plus ? Où aurait été le problème ? D’autres clubs, qui évoluent en dessous de nous dans la hiérarchie, effectuent des stages à Nice ou en Italie, pourquoi ne sont-ils jamais embêtés ? Nous composons depuis toujours avec les moyens qui sont les nôtres. Nous n’avons jamais demandé de rallonges budgétaires. Aujourd’hui, le club évolue dans un championnat de DH où le budget moyen est de 180 000 euros. Le nôtre est de 60 000 euros. Pas un seul de mes joueurs ne perçoit de salaire fixe. Pas un seul n’est remboursé de ses déplacements. J’ai pourtant des garçons sélectionnés en équipe d’Alsace, qui pourraient trouver tout ça ailleurs. Qu’on arrête de venir nous chercher des problèmes. »
« Toujours dans une période de réflexion »
Le technicien wittenheimois, démissionnaire il y a une semaine en même temps que l’ensemble de son staff technique (Anouar Chaali, Nabil Mebarki et Mourad Boutaleb), affirme n’avoir aucun problème avec le fait de « devoir rendre des comptes quant à l’utilisation de l’argent du contribuable ». Mais il explique en revanche ne pas comprendre la manière avec laquelle on est venu s’en prendre à son club : « Brusquement, on a entendu qu’on allait bloquer toute notre subvention tant que l’on n’aurait pas dit qui a payé et comment ça a été payé. Comme si on était des voleurs ! Je sais qu’on va nous ressortir le coup du club pseudo-communautaire qui joue la carte de la victimisation. Mais je pose la question : pourquoi vient-on demander uniquement des comptes à l’USW ? Pourquoi part-on d’emblée avec une idée négative à notre sujet? Nous sommes profondément touchés. Personnellement, je n’ai rien contre la Ville de Wittenheim, qui n’avait pas toutes les données en main et qui n’a pas forcément une grande expérience des clubs qui évoluent parmi l’élite régionale. J’en veux davantage à ceux qui lui ont fait remonter des informations biaisées. Aujourd’hui, je ne veux monter personne contre personne. Je veux simplement que l’on respecte le travail énorme qui est réalisé jour après jour au sein de notre club. »
C’est d’ailleurs pour, dit-il, « ne pas prendre en otage » ses joueurs et les nombreux bénévoles du club que le technicien haut-rhinois, flanqué de sa garde rapprochée, a finalement accepté de reprendre place sur le banc de touche de l’USW, samedi, à Steinseltz (0-0). « Nous avons reçu énormément de soutiens d’un peu partout en Alsace. Beaucoup nous ont demandé de ne pas tout gâcher pour ça. On a entendu le message. Mais nous sommes toujours dans une période de réflexion. Je suis meurtri. »
le 06/03/2013 à 05:03 par Pierre Chatelus