Dans la plupart de nos écoles, les parents d’élèves ont eu l’étrange surprise d’apprendre que la collation de 10 heures était désormais interdite. Si l’objectif est de bâtir une société d’assistés, on ne s’y prendrait pas autrement…
L’école, qui doit à mon sens être le lieu du développement de l’esprit critique, le lieu du savoir, le lieu de l’apprentissage est en train de prendre une tournure détestable en devenant le lieu de l’interdit alimentaire sous la pression de l’Agence régionale de santé (ARS). Pour l’ARS, « la collation de la récréation de 10 heures, c’est le début du grignotage » source du surpoids et de l’obésité des enfants. L’Alsace serait la région la plus touchée d’ailleurs par ce phénomène. Sous couvert d’études nutritionnelles, on interdit tout bonnement la fameuse collation de 10 heures dans nos écoles. Exit la barre céréalière, le fruit ou la barre chocolatée.
Si elle vise un objectif louable, cette mesure est arbitraire et ne s’appuie pas sur ce qui fonde l’école : la pédagogie. Expliquons donc aux parents l’intérêt de respecter un rythme alimentaire et donnons des conseils nutritionnels pour faire de la prévention plutôt que de prendre des mesures incomprises et par conséquent rejetées. L’équilibre alimentaire ne se forge pas qu’à l’école. La mesure telle qu’elle est prise garantira certes que nos bambins ne prendront plus de collation à 10 heures mais ne les empêchera pas de prendre un soda ou des bonbons le soir avant de se coucher.
A force de vouloir une société aseptisée basée sur les interdits, on développe une société du rejet et de l’incompréhension. On ferait mieux de faire plus de pédagogie pour obtenir l’adhésion des parents ou à tout le moins pour les responsabiliser davantage.
Et si l’on pense que les interdits ou la tolérance zéro sont utiles, il serait préférable qu’ils se portent sur l’orthographe de nos enfants.