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12 Juillet 2012
Pour la quatrième édition de son inventaire national des déchets radioactifs, l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) a évalué l'impact d'une sortie progressive de la France du nucléaire.
L'Agence a calculé le volume de déchets hautement radioactifs à vie longue supplémentaires qu'il faudrait stocker si l'État décidait de fermer progressivement ses réacteurs, au bout de quarante ans de service. Un scénario qui correspond peu ou prou aux engagements de campagne de François Hollande de réduire la part du nucléaire à 50% du bouquet électrique en 2025 contre 75% aujourd'hui. Dans ce scénario, la France cesserait de recycler le combustible comme elle le fait aujourd'hui en le retraitant à l'usine Areva de La Hague puisqu'elle n'en aurait plus l'usage. Il faudrait donc stocker les combustibles usés sans les transformer.
Dans le scénario d'une poursuite de l'exploitation et du renouvellement du parc nucléaire d'EDF, l'Andra table sur un volume de 10.000 m3 de déchets hautement radioactifs à vie longue, à stocker après 2030. Dans le scénario alternatif d'une sortie progressive de l'atome, le volume estimé serait neuf fois plus élevé: 90.000 m3. Ce chiffre est complexe à établir et selon d'autres évaluations de l'Andra, on parvient à un volume non pas neuf fois mais trois fois plus important. Quoiqu'il en soit, ces combustibles usés, classés parmi les déchets les plus dangereux, sont voués à être enterrés dans le futur centre de stockage profond, désormais baptisé Cigéo, prévu dans la Meuse. Le futur site sera-t-il assez grand pour accueillir, le cas échéant, 90.000m3? Quel impact sur son coût, déjà estimé en milliards d'euros?
Sur le volume, Marie-Claude Dupuis, la directrice générale de l'Andra, répond que les besoins actuels occuperaient quelque 15km2 de la couche d'argile étudiée, à 500 mètres de profondeur. Mais 30km2 ont été étudiés. Suffisants pour accueillir les combustibles irradiés en cas d'arrêt de la filière.
Le surcoût? Le coût du futur site de stockage fut l'objet d'un bras de fer en 2010 entre l'Andra, son maître d'œuvre, et EDF, principal producteur de déchets, donc principal payeur. Une enveloppe de 15 milliards d'euros, exploitation de cent ans comprise, fut évoquée par l'Andra, mais des chiffres beaucoup plus élevés circulèrent -35 milliards-, déclenchant l'ire d'EDF. Aujourd'hui, la «conception industrielle du projet» est en cours. «Le chiffrage est un exercice très délicat», reconnaît Marie-Claude Dupuis, «pour une installation sans équivalent dans le monde, qui sera exploitée cent ans» avant d'être scellée.
Le débat public sur le centre de stockage Cigéo doit avoir lieu en 2013 pour un début d'exploitation en 2025. «Quelle que soit la politique énergétique, nous serons prêts», affirme Marie-Claude Dupuis. Même en cas d'arrêt de Fessenheim avant 2017, puis de plusieurs réacteurs dans les années suivantes, les combustibles usés devront être entreposés en piscine de longues années, le temps de refroidir avant d'être enfouis en sous-sol.