Le microcosme politique se shoote aux "expertises" qui donnent une grille de lecture conforme à la "réalité souhaitée". Sur le plan national, c'est la vocation nouvelle des sondages. Sur le plan local, c'est l'actuelle vocation du classement Forbes sur les brevets déposés.
D'ordinaire, le microcosme local vit au rythme d'un anti-américanisme primaire. Là, l'espace d'un rapport, le qualificatif "américain" est paré de toutes les qualités. Puisque c'est lointain, le rapport est ... objectif. Un classement qui au départ dressait le point des dépôts de brevets. Mais qui devient, à Grenoble, le classement de l'innovation (cf Dauphiné Libéré du jour page 5 avec l'entretien d'Yves Exbrayat, nouveau directeur de l'office du tourisme). Et demain l'innovation deviendra ... l'emploi à venir, puis ... la réussite ...
En quelques étapes, un classement devient totalement instrumentalisé pour être dévié de sa vocation initiale.
Ces "expertises" sont la chaise à porteurs
Quand un pouvoir en est à attendre les "messagers des bonnes nouvelles", c'est la fin d'un règne. Parce que les messagers des bonnes nouvelles se multiplient pour gagner les faveurs. Et comme le masochisme n'est pas dans la nature humaine, les porteurs des vrais messages restent à l'écart.
Aujourd'hui, nous avons une illustration de ce discours qui oscille entre flatterie et lucidité.
Le nouveau Directeur de l'Office du Tourisme remercie, encense, célèbre. Puis d'un coup, il a une phrase terrible : "tout est à créer".
Après 18 ans de pouvoir, "tout est à créer" !
Avec cette formule, la réalité souhaitée venait de disparaître.
La chaise à porteurs était déposée.
Le regard d'autrui reprenait contact avec la réalité.
Une réalité que les indépendants de la nomenklatura locale ont vu dépuis déjà si longtemps.
Il y a toujours un moment où les classements instrumentalisés ne durent qu'un feu de bois.