SERVIR WITTENHEIM SERVIR LA LIBERTE !!
5 Avril 2010
«Pourquoi avons-nous tant de réformes et si peu de résultats?» La question que Dominique de Villepin s'est lui-même posée et à laquelle, invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, il a voulu répondre, aurait dû le conduire à citer Nicolas Sarkozy. Une heure durant, l'ancien premier ministre a bien pris garde de ne jamais prononcer le nom de son ennemi intime. Il n'en a pas moins taillé en pièces la politique menée par «l'équipe au pouvoir depuis 2007» et la gouvernance du chef de l'État. La gouvernance et pas son style. «J'ai soigneusement évité d'aborder ces questions», botte-t-il en touche. Pas besoin, selon lui, de s'étendre: «la religion des Français est déjà faite», se borne-t-il à répondre, déplorant que «le message n'a pas été compris».
Autre «message» qui passe mal, selon Villepin, celui des régionales. La majorité a procédé à quelques «réaménagements techniques» et «quelques annonces», notamment sur la taxe carbone, explique-t-il. «Je ne crois pas que le message des Français était celui-là, conclut-il. Je n'ai pas le sentiment que la réponse est à la hauteur des enjeux.»
Cette «surdité» de l'État aux attentes des Français, Villepin l'explique par le «déséquilibre des institutions». À l'instar de Martine Aubry, il s'interroge sur l'opportunité du quinquennat, auquel il assure n'avoir «jamais été favorable».
Mais au-delà des règles institutionnelles, c'est la pratique de la présidence Sarkozy qu'il met en procès: «la mise en avant du président de la République ne lui permet pas revenir à une pratique constitutionnelle plus conforme» et sa «trop grande personnalisation» dans l'action menée l'empêche d'être celui qui fait «la synthèse des contraires».«Quand le président s'expose au quotidien sur toutes les affaires, quand il se place en situation de prendre tous les coups, poursuit-il, comment peut-il être l'arbitre?» Dominique de Villepin trace alors le portrait d'une présidence idéale. Elle passe par un «pacte républicain» qui réunisse droite et gauche sur «l'objectif de réduction des déficits». Idéaliste? Il s'en défend.
À droite comme à gauche «nous avons constaté les limites de nos politiques respectives», assure-t-il. Pour preuve de cette convergence, il avance les réflexions de François Hollande et Jean-François Copé en faveur d'une fiscalité «plus juste». Quand il lui est rappelé que c'est lui, premier ministre de Jacques Chirac, qui a créé le bouclier fiscal, il ne se démonte pas. Le bouclier fiscal qu'il a mis en place était à 60%. «En 2007, il a été porté à 50% en incluant CSG et CRDS», ce qui revient «à 38%», selon lui. «Entre les deux, il y a un monde», conclut-il en brocardant ce «cadeau fait aux riches», premier geste du quinquennat de Nicolas Sarkozy.
«Si la politique qui est menée n'est pas changée, nous n'aurons pas de résultats et l'équipe qui mène cette politique devra rendre des comptes», estime-t-il, tout en considérant que «la question de l'élection présidentielle est prématurée». D'ici là, il y aura l'appel du procès Clearstream. Le ton se calme soudain: «Cette affaire ne m'a en rien gêné jusqu'à présent, je ne vois pas pourquoi elle me gênerait.» Puis il retrouve le sourire et souligne que le procureur de la République Jean-Claude Marin et l'ancien conseiller justice de l'Élysée Patrick Houart font partie de la promotion de la Légion d'honneur. «Joyeuses Pâques», conclut-il.
Par Jean Baptiste Garat du Figaro