C’est stupéfiant et encore plus inquiétant.
Evoquant l’échec cuisant de nos services secrets qui ont tenté, en vain, dans la nuit de vendredi à samedi, de libérer Denis Allex, l’otage français détenu par des terroristes en Somalie depuis trois ans, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, vient de déclarer textuellement : « L’arsenal militaire dont disposaient les miliciens d’Al Chabab au moment où un commando de la DGSE est intervenu pour tenter d’exfiltrer l’otage français en Somalie a été sous-évalué ».
L’opération, on le sait, s’est soldée par la mort de l’otage et celle d’un des membres du commando ainsi que par la disparition d’un deuxième homme du commando.
Ce genre d’opération est, évidement, très difficile à mener. Mais la « sous-évaluation » de l’arsenal des adversaires est une faute impardonnable.
Au même moment, « l’entourage » de François Hollande à l’Elysée déclarait à l’AFP, cette fois à propos du Mali : « Nos forces armées ont été surprises par la résistance des Islamistes qui ne sont pas les soudards à bord de Toyota avec quelques armes qu’on imaginait mais qui sont, en réalité, bien entrainés et dotés d’un matériel moderne, sophistiqué, beaucoup plus robuste et efficace que ce qu’on pouvait imaginer ».
Là encore donc, nos services de renseignements, avec leurs satellites, leurs avions sans pilote et leurs systèmes d’écoute, auraient « sous-évalué » la force de nos ennemis.
Autant dire que, dans un cas comme dans l’autre, François Hollande a lancé nos militaires sans connaitre les risques qu’il leur faisait prendre. C’est évidemment inadmissible.
Comment le président de la République peut-il encore s’imaginer que les Islamistes, qu’ils soient somaliens ou dans le désert malien, ne sont que « des soudards » armés de vieilles pétoires ? Ignorerait-il que, depuis longtemps déjà, ces « fous de Dieu » qui nous ont déclaré la guerre et qui veulent terrasser l’Occident sont financés, armés et poussés au djihad par nos « amis » les monarques du Golfe arabo-pétrolier. Ils ne manquent donc de rien, sont grassement payés et reçoivent l’armement le plus moderne.
Mais personne ne peut croire un seul instant que nos services de renseignements soient nuls –comme semblent nous le laisser entendre Le Drian et l’entourage d’Hollande- au point de ne pas avoir signalé « l’arsenal » dont disposent les terroristes d’Al Chabab et « le matériel sophistiqué » qui arme Al Qaïda au Maghreb Islamique.
Il est donc vraisemblable que le président de la République a préféré écouter quelques va-t-en-guerre de son entourage qui lui ont affirmé que ces deux opérations redoreraient son blason plutôt que de lire des rapports de spécialistes connaissant, eux, la situation.
Un chef de l’Etat qui sous-estime les risques et donc envoie à la mort des soldats français pour regagner quelques points dans les sondages n’est pas digne de sa fonction