L'industrie automobile a conclu 2009 en fanfare : 228 000 voitures vendues le dernier mois de l'année en France, soit 48% de mieux qu'en décembre 2008. Et surtout 2,268 millions sur douze mois (+ 10,7% par rapport à 2008). Il faut remonter à 1990 pour atteindre un tel volume. Bien sûr, la prime à la casse de 1 000 euros, qui s'est ajoutée au bonus écologique, a dopé les ventes. Mais vu le pessimisme ambiant de ces derniers mois (il y a un an, on parlait d'un marché en recul de 10% au minimum), personne n'imaginait 2009 en année record.
Pour François-Pierre Arth, analyste à Groupama Asset Management, cette bonne surprise tient à trois facteurs : «L'allongement du dispositif de prime à la casse, qui est passé de 250 000 à 600 000 voitures, les aides autour de 1 000 euros accordées par la plupart des constructeurs, et l'effet d'aubaine lié à la diminution programmée du montant de la prime (700 euros depuis le 1er janvier 2010, 500 euros à partir du 1er juillet).» Résultat : pour obtenir le cadeau de 1 000 euros, ce fut la ruée dans les concessions, et cela jusqu'aux dernières heures du jeudi 31 décembre.
Revers de la médaille, ce sont surtout les petites voitures fabriquées à l'étranger qui ont profité du dispositif (57% des ventes, contre 50% en 2008 et 45% en 2007). Creusant le déficit de la branche : 3,4 milliards d'euros en 2008 et déjà 3,7 milliards - pour les dix premiers mois de 2009, dont 1,9 milliard provenant des échanges avec l'Europe de l'Est. Il y a cinq ans, l'excédent dépassait les 12 milliards (voir graphique) ! Vu le boom des ventes en novembre et décembre, le déficit annuel du secteur pourrait approcher les 7 milliards. Un record qui devrait tenir. La diminution du montant de la prime et la mise en place des nouveaux barèmes d'éligibilité au bonus écologique plaident en faveur d'un reflux. Pour 2010, Groupama Asset Management prévoit un marché en baisse d'environ 3%.

 

 

Nicolas Stiel  Challenge