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SERVIR WITTENHEIM SERVIR LA LIBERTE !!

Les nouveaux habits de la droite

L'éditorial de Paul-Henri du Limbert du 1er novembre.

Il est plus difficile de demander à un socialiste d'être libéral qu'à un UMP d'être étatiste. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer les réactions des députés de la majorité au grand changement de cap décidé depuis trois semaines par Nicolas Sarkozy. Aucun n'est franchement accablé. Les anciens gaullistes sont presque aux anges. Le libéralisme n'a jamais été dans leurs gènes. Alors, entendre le président de la République annoncer le grand retour de l'État ne choque en rien leur conscience. Ils citent de Gaulle, qui haïssait «les gnomes de Zurich» et avait décrété que la politique de la France «ne se décide pas à la corbeille». Ou encore Jacques Chirac, qui jugeait le libéralisme «aussi dangereux» que le communisme. Les démocrates-chrétiens ne bronchent pas non plus. Ils aimaient le capitalisme rhénan, l'économie mixte et se sentaient étrangers aux mœurs du libéralisme débridé. Restent les libéraux, qui n'ont jamais été très nombreux et le sont un peu moins depuis la faillite de Lehman Brothers. La plupart comprennent qu'à circonstances exceptionnelles il faut des mesures exceptionnelles.

Lionel Jospin - qui privatisait, tout en instaurant les 35 heures - a beau jeu de pointer les «contradictions» de Nicolas Sarkozy, élu sur un programme d'inspiration libérale et contraint d'appeler l'État à la rescousse. Mais, malgré les sarcasmes de l'ancien premier ministre, la droite n'a pas le sentiment de se trahir au point de ne plus pouvoir se regarder dans une glace. En tout cas beaucoup moins que la gauche lorsqu'elle avait pris le grand virage de la rigueur en 1983 en espérant que celle-ci ne soit qu'une «parenthèse».

Il reste qu'à droite le thème de la «parenthèse» risque fort de faire florès ces prochains mois. Beaucoup présentent comme provisoires les mesures annoncées ces derniers jours, notamment le retour des fameux emplois aidés. La droite refait ce qu'elle a défait ? Oui, parce que la rigueur des temps l'exige. Que dirait-on si elle se croisait les doigts, se contentait de dire que seule l'activité économique crée de l'emploi tout en reconnaissant que ladite activité économique va singulièrement régresser l'an prochain ?

Mais la question qui est dans tous les esprits est la suivante : le provisoire va-t-il durer ? Personne n'a la réponse. Cela dépend évidemment de la durée de la crise financière, de ses répercussions économiques, peut-être aussi du sort de la «refondation» du capitalisme mondial souhaitée et portée par Nicolas Sarkozy.

Plutôt que d'ironiser sur «l'apostasie» du chef de l'État, le PS ferait mieux de noter l'autre versant du discours tenu ces derniers jours par le président de la République : les réformes engagées doivent se poursuivre, malgré la crise. Parmi elles, il y a la réduction du nombre de fonctionnaires. On entend déjà le PS se précipiter avec gourmandise sur le paradoxe : plus d'État mais moins de fonctionnaires, ce n'est pas possible ! Si, parce que la force de la puissance publique ne se mesure pas au nombre de ceux qui la servent.

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