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SERVIR WITTENHEIM SERVIR LA LIBERTE !!

Indécent

RER A : grève abusive, grave injustice

La grève qui pénalise depuis près d'une semaine les usagers du RER A, en région parisienne, est exemplaire à plus d'un titre.

Elle est d'abord abusive. Cette ligne, vitale pour l'économie francilienne, est certes surchargée, voire saturée, à certaines heures de la journée. Les conducteurs de la RATP, qui ne travaillent pas plus pour autant, demandent une prime de pénibilité. La direction refuse, jugeant le montant exigé - de 120 à 150 euros par mois - excessif. Désaccord réel, mais qui ne justifie en aucun cas une grève aussi dure de la part des salariés. Ces derniers sont loin d'être soumis à un régime stakhanoviste. Rémunérés de 2 800 à 3 500 euros par mois selon leur ancienneté, jouissant de la garantie de l'emploi, ils conduisent moins de trois heures par jour. Tous les cinq ans, ils gagnent une année de retraite en plus. On a vu pire.

Ce mouvement s'inscrit, ensuite, comme souvent en France, dans un contexte politique. Les régionales approchent. Syndicats et agents des services publics - La Poste, les musées, l'aéroport d'Orly - font monter la pression. En plus du RER, le métro parisien fonctionnera au ralenti demain. Le président socialiste du Conseil régional n'hésite pas à exiger du gouvernement le règlement du conflit de la RATP. Il oublie qu'il porte lui-même une part de responsabilité en qualité de président du Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif). Pourquoi n'a-t-il pas su anticiper, depuis douze ans qu'il est élu, l'augmentation du trafic du RER A ? Bon thème de campagne électorale, M. Jean-Paul Huchon...

Ce conflit illustre aussi l'insuffisance de la loi du 2 août 2007 sur les relations sociales. Ce texte a institué un service garanti en cas d'arrêt de travail, et non un vrai service minimum, comparable à celui des urgences hospitalières. Les réquisitions n'étant pas autorisées, le trafic des RER et métros est aléatoire ; il dépend du nombre de grévistes. Par crainte, le gouvernement n'est pas allé jusqu'au bout de ses intentions.

Enfin, il est grand temps de reconsidérer le droit de grève. Le sujet est explosif, propre à déchaîner les passions puisqu'on touche là à un droit sacré. Il s'exerce « dans le cadre des lois qui le réglementent », dit la Constitution. Laquelle défend aussi « la continuité du service public ». Or,l'expérience montre qu'on protège beaucoup plus le premier qu'on ne respecte la seconde. Flagrante injustice.
Yves Thréard 

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