J’ai toujours été un farouche partisan de la réforme du millefeuille administratif français parce que je considère que ce système est coûteux et que plus personne ne s’y retrouve dans ce maquis. Or, pour que les institutions soient efficaces, il est impératif que chacun en comprenne les prérogatives. L’an dernier, j’ai défendu le Conseil d’Alsace parce que j’ai toujours pensé qu’une simplification était possible à l’échelle de la région. C’est le niveau pertinent, pas trop éloigné des administrés, disposant d’un poids plus important qu’un département ou qu’une grande agglomération et d’une histoire et d’une identité forte.
J’ai entendu les propositions du gouvernement en matière de réforme territoriale. Je suis favorable à la disparition des conseils généraux dont les missions peuvent être partagées entre des intercommunalités renforcées et les régions. En revanche, je m’oppose formellement en l’état à la fusion des régions telle que proposée. La seule chose que l’on a compris de cette affaire, c’est le souhait du gouvernement de faire des économies. C’est louable mais pas suffisant. Pourquoi diviser par deux le nombre de régions ? Pourquoi pas par 3, 4 ou 5 dans ce cas pour maximiser les économies ?
Le gouvernement a indiqué aux régions qu’elles devaient dialoguer entre elles pour trouver des accords faute de quoi l’État imposera une nouvelle carte des régions à l’instar de ce qui a été fait en matière d’intercommunalité. Dans les débats qui s’ouvrent, on mesure déjà les difficultés. Si la Franche-Comté et la Bourgogne veulent fusionner, le territoire de Belfort se verrait, lui, plutôt avec l’Alsace. La Champagne-Ardenne et la Picardie sont des régions dans lesquelles les départements veulent prendre quasi tous des directions différentes. Jacques Auxiette, ancien président PS de la région Pays de Loire, est favorable à la fusion de sa région avec la Bretagne, sauf que la région Bretagne ne veut entendre parler que du département de Loire-Atlantique et sa prospère ville de Nantes. Jacques Auxiette parle donc d’annexion…
On le voit le ton monte, les difficultés sont nombreuses et les tensions vont être croissantes parce que cette réforme territoriale, du moins sa partie fusion des régions, est impréparée et surtout insuffisamment justifiée. Au-delà des économies réalisées à moyen terme, qui peut dire quelle est l’ambition de cette fusion ? Je ne suis ni réactionnaire ni frondeur mais je demande au gouvernement d’indiquer l’objectif recherché.
Sans comprendre l’intérêt d’une réforme, le débat tourne vite à l’affect. Un Alsacien du Nord se sentira plus proche de son voisin mosellan, un Alsacien du Sud préféra s’allier avec son copain belfortain, un Alsacien des crêtes se dira qu’un rapprochement avec les Vosges est plus adapté, un Alsacien colmarien craindra quoi qu’il arrive de ne plus être le centre du monde sans compter tous les Alsaciens frontaliers qui diront que ce débat autour des régions françaises est désuet et qu’il faut davantage se tourner vers des Euro-régions.
Bref, revenons-en à l’essentiel et vite ! Dites-nous pourquoi cette fusion et pour quoi faire et, si nécessaire, nous reparlerons ensuite plus sereinement de rapprochement.