SERVIR WITTENHEIM SERVIR LA LIBERTE !!
6 Décembre 2012
Par Thiérry Désjardins
Les syndicalistes d’Arcelor-Mittal avaient, hélas, raison quand ils se sont dits « « trahis » par le gouvernement et qu’ils ont affirmé que l’accord signé entre le Premier ministre et leur patron indien n’était que de « l’enfumage ».
Jean-Marc Ayrault nous avait raconté qu’il avait réussi à obtenir de Mittal non seulement qu’il n’y ait pas de licenciements secs à Florange mais aussi que les fameux hauts-fourneaux soient maintenus en état de fonctionnement pour servir, dans quelques mois, à expérimenter le système Ulcos qui devrait permettre de réduire considérablement les émanations de CO2 dans l’atmosphère.
Certains experts, connaissant bien le dossier, avaient alors levé les yeux au ciel, faisant remarquer que ce système Ulcos n’était pas encore au point et qu’en tout état de cause son expérimentation à Florange couterait très cher et que l’Europe, appelée à participer à ce financement, trainait des pieds.
On apprend, ce matin, qu’en raison de « difficultés techniques », Mittal renonce à expérimenter le système Ulcos à Florange. Les hauts-fourneaux vont donc être définitivement éteints et sont voués à la casse.
Personne ne peut croire que Mittal ait pris brusquement connaissance de ces « difficultés techniques » au cours des 48 dernières heures. Tout le monde comprend donc que Jean-Marc Ayrault a purement et simplement inventé cette histoire Ulcos pour tenter de calmer les salariés de Florange, en les « enfumant » avec des balivernes.
Certes, il n’y aura pas de licenciements secs et c’était là l’obsession du Premier ministre alors que le chômage continue sa progression dévastatrice à travers tout le pays. Il n’y aura que des départs volontaires et le non-remplacement de ceux qui partent en retraite. Les syndicalistes ont donc parfaitement compris que cet accord signait la mort définitive, à court terme, de la sidérurgie en Lorraine qui, il est vrai, agonisait depuis des années.
On a souvent oublié qu’en 1984, il y a donc près de 30 ans, le père de François Chérèque, Jacques Chérèque, lui-même secrétaire général adjoint de la CFDT, avait été nommé « préfet délégué pour le Redéploiement industriel de la Lorraine », avant d’être nommé, en 1988, « ministre délégué à la Reconversion industrielle » dans le gouvernement Rocard. Il avait alors déjà capitulé en ayant cette fameuse phrase : « Il faut retirer les hauts-fourneaux de la tête des sidérurgistes lorrains ». Il n’y a eu ni redéploiement, ni reconversion.
Depuis, trois présidents de la République se sont succédé à l’Elysée et neuf Premiers ministres à Matignon. Malgré toutes les promesses et les sommes considérables investies dans la région, aucun d’entre eux n’a été capable de sauver la sidérurgie lorraine alors pourtant que la consommation mondiale d’acier a plus que doublé entre 1990 et 2010, passant de 600 millions de tonnes à 1.300 millions de tonnes.
Cette fermeture des derniers hauts-fourneaux lorrains ne sera qu’un énième et nouvel exemple du déclin français. Jospin avait dit : « L’Etat ne peut pas tout faire». Hollande prouve que l’Etat ne peut rien faire.