SERVIR WITTENHEIM SERVIR LA LIBERTE !!
26 Février 2009
Que veulent les Guadeloupéens du LKP, le collectif contre l'exploitation ? À mesure que le conflit se durcit, les masques tombent, les langues se délient. Paris est bien face à un mouvement que les chefs de la révolte souhaitent voir basculer dans la sécession. Et le mot d'indépendance doit cesser d'être tabou de ce côté-ci de l'Atlantique.
Beaucoup a été dit sur le malaise de la Guadeloupe et de la Martinique. La vie chère, le contrôle de l'économie insulaire par quelques familles ou entreprises, la discrimination raciale, l'éloignement de la métropole sont des évidences que peu de gouvernements ont prises à bras-le-corps pour améliorer l'ordinaire sur place.
La crise mondiale ne pouvait que les accentuer. Il n'est donc pas extraordinaire - à défaut d'être normal - que, comme partout en France, l'inquiétude et le mécontentement s'expriment dans la rue. Surtout quand ils sont entretenus par des visiteurs politiquement intéressés, Olivier Besancenot, Ségolène Royal, José Bové.
Mais cette mauvaise humeur est aujourd'hui dépassée par les prétentions d'Élie Domota, le patron du LKP, et de ses affidés. Leur logique n'est pas sociale, elle est clairement politique. Ce qu'ils ne disent pas le jour en langue française, ils l'affirment la nuit en créole. Le discours est alors plus déterminé, plus musclé, plus radical. Le LKP est pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Ce qui n'est pas une incongruité en soi, mais ce qui donne une précieuse indication sur la nature de sa lutte : l'indépendance est au bout de son chemin.
Comme le montre le sondage du Figaro Magazine à paraître samedi, l'écrasante majorité des Guadeloupéens (80 %) est attachée à la métropole dont elle n'ignore rien de l'aide qu'elle lui apporte. Mais elle est condamnée à se taire face aux pressions, aux intimidations, aux menaces de représailles de Domota et de ses séides. Depuis six semaines que dure le conflit, nombre de salariés ou de petits patrons ont perdu leur emploi ou fermé leur entreprise. S'ils violent l'omerta imposée de force par la clique des indépendantistes, leur vie est en danger. Qui se soucie d'eux ?
Le LKP s'en moque, le gros de ses troupes appartient à la fonction publique dont les fins de mois, elles, sont assurées par l'État français. Ce qui n'empêche pas Domota d'alléguer que les Guadeloupéens vivent « exactement comme au temps de l'esclavage. »
Il est donc urgent que la métropole ouvre les yeux sur la crise antillaise. Elle ne doit pas devenir l'instrument de quelques indépendantistes en mal de publicité et le jouet d'une partie de la gauche en mal de martyrs. De deux choses l'une : ou l'ordre républicain revient à la faveur de négociations qui ne doivent pas dépasser un délai raisonnable ; ou bien un processus d'autonomie à la calédonienne débouchant, un jour ou l'autre, sur l'indépendance doit être engagé. Si l'on en croit notre sondage, cette seconde solution serait acceptée par 51 % des métropolitains. Elle mettrait, en revanche, les Guadeloupéens au pied du mur.
Yves Threard Le Figaro