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Dominique Chauvelier : « On court de plus en plus, mais de moins en moins vite

Dominique Chauvelier : « On court de plus en plus, mais de moins en moins vite

Marathon de Paris . 

Dominique Chauvelier baigne dans la course à pied depuis 50 ans et porte un regard réfléchi sur son évolution . Avec plus de masse , moins d'élite et le dopage .

Dominique , la 43e édition du marathon de Paris , ce dimanche , va avoir lieu dans un contexte particulier . La meilleure Française , Clémence Calvin est montrée du doigt ......

C'est une histoire rocambolesque. Avant de réaliser 2 h 26' à son premier marathon, lors des championnats d'Europe à Berlin en août, elle avait eu des performances en dents de scie. Je ne saisis pas tout. Nous l'avons invitée au Mans, au cross Ouest-France en janvier. Elle avait abandonné au bout de deux bornes. Je prends l'argent et je m'en vais... Maintenant, il faut aider les jeunes, comme Liv Westphal, ou Jimmy Gressier. En France, sur les épreuves de fond, on a un problème avec l'élite. Vous avez pris votre première licence en 1969 et il y a 30 ans vous aviez couru le marathon de Milan en 2 h 11'24''. Avec ce chrono, vous seriez encore aujourd'hui parmi les meilleurs Français. J'ai débuté en 5e, j'avais 13 ans et l'envie de pratiquer un sport individuel. J'ai vu toute l'évolution. Connu l'époque où l'on faisait du footing, après on a fait du jogging et maintenant on fait du running ! Moi je dis toujours que je fais de la course à pied (rires)... La terminologie est bizarre. On court de plus en plus mais de moins en moins vite.

« On ne juge plus la performance. Ce qui compte c'est d'être finisher » Pourquoi ? Sans tirer à boulets rouges sur la Fédération française d'athlétisme, un tournant a été raté dans les années 80, quand elle a créé le hors stade. Hors stade, c'est comme dire va dehors ! Ce n'était pas une bonne communication. Il y a aussi un aspect sociologique. La valeur du travail a changé. Il y a trente ou quarante ans, des ouvriers, des agriculteurs venaient courir et connaissaient la valeur de l'effort. Pourquoi s'entraîner dur ? Tu te mets en photo sur les réseaux sociaux et t'es le champion du monde... On ne juge plus la performance. Ce qui compte c'est d'être finisher. On souffre d'un manque de dynamique et d'envie. Le marathon semble avoir été banalisé ? C'est une distance mythique. Autrefois elle était considérée comme un Graal. Comme si tu gravissais le Mont-Blanc. Aujourd'hui, l'objectif passe au second plan. On a démystifié le marathon et la course à pied est devenue un sport santé. C'est un lieu de rencontre sociale, l'occasion de faire un défi entre potes. Ce qui compte c'est de le faire puis de boire des bières derrière... C'est bien aussi. C'est un constat. On pourrait avoir toute cette évolution populaire derrière une logique de performance. Le marathon français est dans l'ornière et n'a pas progressé en trente ans ! Un amateur sur lequel il se dit beaucoup de choses avait quasiment la meilleure performance française en 2018, en 2 h 12' ! Hassan Chahdi vient de courir à Séville en 2 h 09'. Mais j'avais fait dix fois 2 h 11' - 2 h 12' dans mes meilleures années. Il n'y a plus de passion, de culture. Les meilleurs ne connaissent pas l'histoire du marathon et y viennent d'abord par intérêt car ça fait bien pour les sponsors. Il n'y a pas cette passion que ma génération des Bobes, Faure éprouvait. On cherchait à connaître la physiologie, à s'entraîner. Pourtant, il y a du talent chez les Chahdi, ou Carvalho. Ils ont le potentiel pour descendre souvent sous les 2 h 10'. Il faut davantage de professionnalisme. L'hégémonie africaine décourage-t-elle les ambitions ? C'est évident. À mon époque, quand je gagnais des courses sur route, je faisais la une des journaux régionaux, et cela plaisait à mon employeur, aux sponsors. Aujourd'hui, je me bagarrerais avec cinq ou six Kényans, j'en battrais deux mais il y en aurait quand même trois devant. Du coup, tu ne fais plus la Une, tu gagnes moins d'argent. Quand tu reviens au boulot, ton chef regrette que tu ne sois pas sur le podium. La reconnaissance y fait beaucoup. « On trouve une dose d'EPO à 20 dollars au Kenya » Les organisateurs ont aussi leur rôle à jouer ? Ils devraient considérer ce facteur, c'est vrai. Des Kényans de série 2 ou 3 sont meilleurs que nos Français, lesquels sont de bons régionaux. On ne les connaît pas. Une heure après l'arrivée, on a oublié leur nom. ++ Affaire Clémence Calvin. Le domicile de l'athlète perquisitionné, « aucun produit dopant retrouvé » Vous avez été témoin du dopage, qui s'est amplifié au début des années 90 ? L'EPO débarque aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992... Je m'en souviens. La plupart des Kényans et Éthiopiens ne marchent pas à l'eau, aujourd'hui. On trouve une dose d'EPO à 20 dollars au Kenya. Médecins et pharmaciens s'enrichissent comme ça. Les stages là-bas se sont généralisés, même des Français y vont, il y a de la suspicion, mais on n'a pas de preuve ! Cette mode d'aller en stage à l'étranger, ce n'est pas sain. Christelle Daunay est devenue championne d'Europe de marathon en s'entraînant en France. Peut-on encore croire aux chronos ? Je suis sceptique devant certains. Je ne regarde pas certains résultats. Aujourd'hui des inconnus courent en 2 h 03'. Ce n'était pas possible avant ! Eliud Kipchoge, le recordman du monde, c'est autre chose. Il a le talent, le suivi médical, on le suit depuis longtemps, pourquoi pas...

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