Après avoir inquiété les maires et déconcerté les profs, la réforme des rythmes scolaires angoisse les salariés. La perspective de voir l'emploi du temps de leurs enfants chamboulé passe mal, comme en témoigne le baromètre 2013 de l'Observatoire de la parentalité en entreprise, que dévoile le Figaro. 41 % des parents salariés insatisfaits pointent des horaires incompatibles avec la scolarité de leurs petits, un chiffre qui a grimpé de 6 points en un an, selon cette enquête menée en partenariat avec l'Union nationale des associations familiales (Unaf).
«Il va falloir tout réorganiser, réarbitrer les emplois du temps», s'exaspère Caroline, cadre de la région parisienne, déjà oppressée par «les réunions d'écoles ratées» et «la course pour participer, exceptionnellement, à une activité scolaire» d'un de ses deux garçons. Quant à ceux qui arrivent à jongler entre vie privée et activité salariée, ils ne sont plus que 15 % à classer la bonne coordination des rythmes familiaux dans leurs motifs de satisfaction, contre 32 % en 2012.
Réaménagement des horaires, retour à l'école le mercredi… «Ce qui fait peur aux parents, c'est l'incertitude de l'emploi du temps. La crispation autour de ce sujet atteste de la très grande sensibilité à l'articulation des temps de vie», indique Jérôme Ballarin, fondateur et président de l'Observatoire de la parentalité en entreprise.
Cette inquiétude des parents salariés, pris entre le sentiment de courir après le temps et la crainte de passer à côté de leur vie de famille, est exacerbée par la crise, selon l'Observatoire. «D'un côté, la famille apparaît comme un refuge, une respiration dans un monde économique de plus en plus anxiogène, note Jérôme Ballarin. De l'autre, nombre d'entreprises ont des réflexes de crise. Elles demandent toujours plus de présence et de disponibilité à leurs salariés.»
Du coup, le sentiment des parents de ne pas être écoutés au sein de leur société atteint 45 % en 2013, une tendance en progression constante depuis deux ans. Ils sont, en outre, 3 sur 4 à déclarer que leur entreprise ne fait pas beaucoup pour les aider en tant que salariés parents. «Une véritable crise de confiance», résume le président de l'observatoire.
Signe des temps, les sociétés ont d'ailleurs coupé dans les mesures de soutien les plus coûteuses: primes à la naissance, congés spécifiques, aides à la scolarité… Mais ce ne sont pas tant ces coups de pouce financiers que la souplesse, que réclament les pères et les mères débordés. Leur rêve? Des règles simples de vie quotidienne. Ainsi, la majorité des sondés (31 % et 37 % pour les cadres) plébiscitent la fin des réunions tôt le matin ou tard le soir, devant l'aide au financement des études ou les mutuelles avantageuses. Un désir qui se heurte à une culture française encore vivace du «présentisme», déplore Jérôme Ballarin. «Pourtant, des aménagements simples, l'écoute des difficultés ponctuelles des salariés avec enfants, en cas de maladie ou de problème de garde, par exemple, c'est une véritable arme anticrise. Un levier sans coût financier qui permet d'obtenir de meilleures performances, plus de créativité, de fidéliser les talents», plaide-t-il.
Cette année encore, l'Observatoire a réussi à convaincre de nouvelles entreprises, parmi lesquelles Bouygues Telecom ou Veolia Propreté, à signer sa Charte de la parentalité. Vendredi, 50 groupes ou PME s'engageront donc, en présence de la ministre déléguée à la Famille, à mettre en œuvre de bonnes pratiques.
Lu dans le figaro